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« Tout s’est bien passé » : petit guide macroniste pour mettre la tête dans le sable

mercredi 3 mai 2023, par Loïc Le Clerc

C’est l’histoire d’un match de football. Une finale de coupe de France, comme tous les ans. Mais pour qu’Emmanuel Macron puisse y assister, il a fallu mettre en place un dispositif sécuritaire hors norme.

« Malgré les menaces qui pesaient sur la finale de la Coupe de France [...], celle-ci s’est déroulée dans un bon état d’esprit [...]. Les supporters n’ont pas montré d’hostilité envers le président de la République dans l’enceinte comme cela avait été annoncé. » Fidèle à son poste, Le Parisien a fait le service après-vente d’Emmanuel Macron.

 

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Ou, comme le parodie Barbara Stiegler sur Twitter : « "Tout s’est bien passé", "personne n’a craqué", "personne n’a craqué"... Et puis, personne n’est mort, donc, ça va, c’est bon… Un dimanche tranquille en Macronie… »

Voilà donc les standards macronistes d’un jour comme un autre. Si rien de mal ne se passe, alors c’est que ça se passe bien. Sauf que ce « bien » exige un certain nombre de pré-requis. Le hasard, ça n’existe pas, ça se crée.

Ainsi, concernant cette finale de la Coupe de France, qui a vu samedi 29 avril Toulouse l’emporter sur Nantes, voilà ce qu’il faut pour que « ça se passe bien » :

  • 3000 CRS ;
  • 1400 stadiers ;
  • des grilles avec des pics érigés dans les tribunes ;
  • des drones pour surveiller le public ;
  • un arrêté préfectoral interdisant aux syndicats de se rassembler aux abords du stade ;
  • les cartons rouges et les sifflets confisqués à l’entrée ;
  • Emmanuel Macron qui salue les joueurs dans les vestiaires, sans que les images ne soient diffusées dans le stade – le Président n’apparaîtra d’ailleurs jamais sur les écrans géants ;
  • pas de retransmission de la remise des médailles sur les écrans du stade – la moitié du stade n’a donc rien vu, le virage toulousain ne savait pas quand exulter ;
  • des ministres en boucle sur le sujet avant, pendant et après le match, relayés par la quasi-totalité des médias.

C’est à se demander pour qui cet événement était censé « bien se passer » : les joueurs, les supporters ou juste Emmanuel Macron ? Un peu comme quand Élisabeth Borne se rend 30 minutes sur un marché où elle ne croise que des gens qui la trouvent formidable. Qu’est-ce qui est le plus ridicule : le nombre de planètes qu’il faut aligner par la force pour arriver à ce que « tout se passe bien » pour un macroniste, ou de les voir, eux et leurs alliés, se réjouir que « tout se passe bien » ?

Mais il y aurait des méthodes encore plus efficaces pour que « tout se passe bien » lors de la prochaine finale : interdire l’accès à toute personne ne se déclarant pas publiquement soutien du président de la République ; jouer à huis clos ; annuler l’événement sportif…

Pour François Ruffin, toute cette séquence du Stade de France « devrait entrer dans le Guiness Book du ridicule », le député estimant par ailleurs que « la seule chose qui est blessée c’est la fierté du Président, son orgueil ».

Le ridicule, c’est un des symptômes de la dérive d’un pouvoir. Quand un dirigeant se met à user des outils les plus répressifs – les lois antiterroristes, par exemple – pour censurer toute critique à son égard – en interdisant les casseroles, par exemple –, il y a de quoi se faire du mouron. « Désolé pour la démocratie », mais la France à un ego à protéger.

 

Loïc Le Clerc

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