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Élections en Allemagne : vous avez vu la gauche quelque part ?

lundi 27 septembre 2021, par Loïc Le Clerc

Les Allemands ont voté et... la gauche de Die Linke a pris une bonne petite claque. Résultat : aucune coalition de gauche n’est possible.

Ce dimanche 26 septembre est une date importante dans l’histoire récente de l’Allemagne : pour la première fois depuis 2005, Angela Merkel n’est pas candidate au poste de Chancelière. C’est toute une génération d’Allemands qui s’éveillent, ce lundi matin, avec l’idée qu’une autre personne va gouverner leur pays.

 

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Angela Merkel n’avait clairement pas préparé son « après ». Il faut dire que tant de ses petits camarades de la CDU-CSU ont voulu la débrancher qu’il n’y avait pas quoi y mettre de la bonne volonté. Qu’importe, elle est et sera une figure majeure de la politique européenne de ce début de XXIème siècle. Son héritage, c’est elle.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça se sent dans les urnes. Avec 24,1% des suffrages, la droite décroche un record de médiocrité au Bundestag depuis… 1949. Autant dire depuis toujours.

Ce que la CSU-CDU perd, c’est le SPD qui le gagne. Les sociaux-démocrates passent, eux, de 20,5 à 25,7% des voix – ce qui reste un très mauvais score pour le parti. Selon toute vraisemblance, le champion du SPD, le très austère Olaf Scholz, vice-chancelier et ministre fédéral des Finances depuis 2018, devrait devenir le nouveau Chancelier allemand. Reste à former une coalition. Et là, ça se gâte un chouilla…

Quelle coalition ?

Vous l’aurez compris, les deux « gros » partis pèsent pour moitié du Bundestag. « C’est 30 points de moins qu’en 2013 », nuance Mathieu Pouydesseau, membre de la direction de la GRS (Gauche Républicaine et Socialiste) et fin observateur de la vie politique allemande. L’Allemagne connaît donc aujourd’hui deux partis faiseurs de roi. Les écolos progressent, passant de 8 à près de 15% des suffrages – ce qui est bien loin de la vague verte annoncée il y a quelques semaines à peine ! Les libéraux du FDP [1] progressent également en glanant 12 élus. Ils sont d’ailleurs le premier parti chez les plus jeunes !

Sachant qu’il faut 368 élus pour former une majorité, plusieurs hypothèses de coalition s’offrent à l’Allemagne :

  • la « Kenia Koalition » : SPD/CDU-CSU/Verts
  • la « Deutschland Koalition » : SPD/CDU-CSU/libéraux
  • la « Ampel Koalition » : SPD/Verts/libéraux
  • la « Jamaika Koalition » : CDU-CSU/Verts/libéraux
  • la « Große Koalition » : SPD/CDU-CSU

À noter qu’une coalition droite-extrême droite reste possible sur le papier – l’AfD est en recul, à 10% –, mais que tous les partis l’ont d’ores et déjà refusée.

Voilà pour les mathématiques. Mais qu’en est-il de la politique ? Selon Mathieu Gallard de l’institut de sondages Ipsos, « seules trois coalitions semblent réalistes, dont une qui tient la corde : 1/ Ampel Koalition (pas facile à accepter pour le FDP) ; 2/ Jamaika Koalition (mais les Verts n’accepteront pas) ; 3/ Große Koalition (inversée par rapport aux années Merkel) ».

Pour Guillaume Duval d’Alternatives économiques, la « Jamaika Koalition » (CDU-CSU/Verts/libéraux) semble plus probable que la « Ampel Koalition » (SPD/Verts/libéraux), ca « le FDP me semble en effet plus opposé aux projets sociaux annoncés par le SPD que les Verts ne le sont vis-à-vis des projets de la CDU ».

L’heure est aux pourparlers. Et cela va prendre des semaines avant qu’un Chancelier soit élu et qu’une coalition gouverne. L’avenir dira à quel point la « gauche » allemande penche à droite.

Tiens, et la gauche dans tout ça ?

À gauche, Die Linke a réussi un petit exploit : celui de tomber juste en dessous de la barre symbolique des 5%, à 4,9. Une barre pas si symbolique que ça puisque de fait, Die Linke n’aura plus de représentants au Bundestag. Mais, magie du système allemand, « les Linke [...] réussissent [...] à remporter plus de 3 sièges au scrutin uninominal, ce qui leur permet d’être représentés selon leur score proportionnel. » La gauche se retrouve donc avec 39 élus. On a seulement frôlé la catastrophe…

Mais aucune majorité n’est possible à gauche. Si l’on additionne les sièges du SPD, des Verts de de Die Linke – en considérant que tous trois forment « la gauche » , on n’obtient que 363 élus. « Il aurait suffi de 2% de plus aux Linke pour qu’une coalition de gauche ait la majorité », déplore Mathieu Pouydesseau. S’il y avait une leçon à retenir en vue de notre présidentielle à venir...

 

Loïc Le Clerc


[1Un acronyme qui ne veut pas dire ce qu’il pourrait vouloir dire en français…

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